S'il te plaît, demeure.

Le bonheur
Poème de Guendune Rinpoché

Le bonheur ne se trouve pas
avec beaucoup d'efforts et de volonté
mais réside là,
dans la détente et l'abandon.
Ne t'inquiète pas, il n'y a rien à faire.
Tout ce qui s'élève dans l'esprit
n'a aucune importance
parce que n'a aucune réalité.
Ne t'y attache pas.
Ne te juge pas.
Laisse le jeu se faire tout seul,
s'élever et retomber, sans rien changer,
et tout s'évanouit et recommence
à nouveau, sans cesse.
Seule cette recherche du bonheur
nous empêche de le voir.

C'est comme un arc-en-ciel qu'on poursuit,
sans jamais le rattraper
parce qu'il n'existe pas, qu'il a toujours été là
et t'accompagne à chaque instant.
Ne crois pas à la réalité des expériences bonnes ou mauvaises,
elles sont comme des arcs-en-ciel.
A vouloir saisir l'insaisissable, on s'épuise en vain.
Dès lors qu'on relâche cette saisie,
l'espace est là, ouvert, hospitalier et confortable.
Alors profites-en.
Tout est à toi, déjà.
Ne cherches plus.
Ne va pas chercher dans la jungle inextricable
l'éléphant qui est tranquillement à la maison.

Rien à faire.
Rien à forcer.
Rien à vouloir.
Et tout se fait tout seul.

Commentaires

1ère strophe : Le bonheur ne réside pas à l'extérieur de nous mais dans notre esprit. Guendune Rinpoché disait aussi : le bonheur se trouve sur le coussin de méditation. Car celui qui réalise la nature de son esprit transforme à jamais son rapport au monde. Médite et observe ton esprit sans juger ni commenter les pensées qui s'élèvent. Il n'y a rien à faire, ni à chercher, simplement contempler le jeu des pensées qui apparaissent et disparaissent. Dès lors que l'on cherche à faire ou à obtenir quelque chose, nous nous écartons de cette réalisation.

2ème strophe : Pour qu'un arc-en-ciel apparaisse, il faut un rideau de pluie et un rayon de soleil. L'arc-en-ciel n'existe pas en lui-même. Tous les phénomènes sont comme les arcs-en-ciel. Rien n'existe en soi de manière indépendante. Tous les phénomènes sont interconnectés. De la même manière qu'on ne peut saisir un arc-en-ciel, on ne peut saisir aucun phénomène. Mais l'être ordinaire s'épuise en vain dans la saisie dualiste des phénomènes (j'aime / j'aime pas, différenciation entre le sujet qui perçoit et ce qui est perçu). Celui qui comprend quelle est la nature des phénomènes (son propre esprit y compris) abandonne cette saisie insensée et se libère.
L'éléphant représente l'esprit. L'éléphant qui est tranquillement à la maison est l'esprit qui repose en lui-même. Le bonheur véritable est en nous et à notre portée, nous ne savons simplement pas le voir.